jeudi 11 mars 2010

Comme cela



Trésor vraiment simple, poésie par lumière. Aux rives approchées, lentes et drôles, parfois, les impressions culminent. Roule l’impatience, assignée souveraine aux faîtes des lueurs, au rêve saisonnier. T’entendre parler de la beauté, la dire, à l’aurore légendaire d’un accord espéré. Soigner les couleurs, oser les formes, imaginer sans doute les sourires prononcés, comme l’immense joie en soi, comme cela.

vendredi 5 mars 2010

Fée de Paris



D’abord, elle avait toute la fragilité d’une femme perdue dans Paris. Petite, elle avançait plus lentement qu’eux, elle regardait la précipitation sans s’en mêler, et je restais frappée par cette indifférence dans laquelle on la tenait. Sous les repères artificiels figurant à l’avance la venue des portes, chaque groupe se formait, décidé et puissant, s’inventant des effets inexorables pour écourter le temps. Elle était restée à l’écart, au fond du quai, inexpressive. Je me souviens que j’avais voulu la rassurer, je crois, en mentionnant simplement qu’il y avait beaucoup de rames à cette heure-là, que rien ne servait de courir… Elle s’était mise à sourire doucement. A l’arrivée du métro, redoutant pour elle l’emportement général, j’avais attendu en arrière à nouveau. Mais à ce mode parisien déjà, je vis comme je m’étais trompée : « On peut attendre la prochaine, peut-être, avais-je proposé.

− Ne vous inquiétez pas, mademoiselle, il y a la place pour nous. » Elle avait frayé la place pour nous deux, formant de ses yeux très bleus les contours de notre pose. Elle ne parlait toujours pas, elle regardait les passants, légèrement, et nous étions désormais éloignées de quelques mètres. A la station suivante, elle put s’asseoir, mais je ne sais plus qui relança la conversation. Peut-être avait-elle commencé par mentionner une fatigue chronique, et je l’écoutais m’expliquer très vite sa situation familiale. Puis, c’est elle qui m’avait donné des conseils d’infusions pour mieux traverser l’hiver. Rien ne m’impressionnait comme cette apparence fragile aux innombrables ressources. Son ton s’animait, montrant qu’elle voulait vraiment me persuader de l’efficacité de la formule. Elle ne souriait pas, mais son visage se tournait vers tous, très pur. Les stations défilaient. Lorsque son arrêt approcha, elle se leva, attendit l’arrêt du train pour sortir. Entre l’ouverture de la porte et sa disparition définitive à la descente, elle se retourna juste pour dire : « Bonne soirée, mademoiselle, que Dieu vous bénisse et qu’il vous protège. »