lundi 27 septembre 2010

« Paycheck », film de John Woo, 2003


Souvent, le film tente lui-même de pré-dire l’avenir, lorsque les personnages, plusieurs fois, amorcent deux gestes ou deux pensées en même temps, stratification provocante/provoquée par les objets. « If you only look where you can't go, you might just miss the riches below. » La courbature du scenario se lie à celle du temps vécu, à la quête de la mémoire. Dans ce contexte, Rachel Porter est peut-être la plus transparente et indispensable des femmes, celle que rien n’appelle ni ne rejette, l’âme entière, l’être à inventer la « second chance » sur la passerelle. Comme le sourire qui dépasse le risque, les pleurs qui fracassent la protection, elle s’inscrit sur la liste des objets, en partie du plan, proposant même les siens, par persévérance pour lui : album photo, clé pour ouvrir le couloir d’aération, manivelle technologique pour créer la tempête et les éclairs…

Livrer sa mémoire, la vendre comme propriété d’une société – et vivre avec cela presque normalement, jusqu’à l’identifier comme une activité professionnelle envisageable, telle semblerait être l’originalité fondatrice du film, mais d’instant en instant, c’est la révolte contre cette viabilité qui étonne, jusqu’à faire « machine » arrière. Cheminements des possibles, ou esquisse du seul trajet possible, si l’intuition repose sur la solide perception du bien.