jeudi 15 juillet 2010

"Le Chaos", film de Youssef Chanine, 2007



« Nous étions fous », s’exclame-t-elle, et le film étonne d’abord par cette complicité primordiale entre la directrice et la jeune enseignante. Les regards sont la beauté et l’expression enflammée des émotions, les femmes en sont là où le courage précipite les destins, dans l’énergie de leur sincérité. Tout tremble à l’entour, les affiches dissuadent, et pourtant, l’enjeu reste stable, familial, amoureux, comme une invincibilité suprême dans la fragilité, une danse où la maladresse devient dialogue de tendresse et de joie. Même le procureur n’est pas démis de son autorité, comme si la lutte de pouvoir et la liberté s’exerçaient ailleurs, en marge des trafics de tableaux et de prostitution. A différents niveaux, les sens se décident, possibles ou non, plus sensibles à mesure de leur implicite : Nour se précipite vers sa directrice en interrompant la danse : « il l’a dit ! », heureuse au point de réalisation du silence. L’inespéré tient dans cette faculté de transmettre et de comprendre sans dire, en partage, en amour.