mardi 6 juillet 2010

Un moment




Même sans la retouche, une photo peut tricher ou tromper. Les élèves protestaient : « c’est impossible, une image, c’est la réalité, Madame, comment dire autre chose ? » Il y avait là comme un enjeu immense, un support d’équilibre à ne pas effleurer. C’est sans doute idiot, cette peur farouche des mots trop forts, trop grands. « Si ça n’avait pas été cette conclusion, tu aurais retrouvé ton père complètement ravagé. » Dans le train, il se rattache à sa philosophie essentielle, je sens bien qu’il veut me transformer. Comme toujours quand il parle des livres, l’appel du bibliothécaire renaît dans l’instant, il cite les titres et l’émotion : Le Fils interrompu ; La Maison vide… Dans le calme et la force, ses paroles m’étonnent, de perspective comme d’angoisse. Un décalage doux et l’esprit apaisé m’entourent, la présence aimée.